Théâtre Intranquille
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Lors de la parution de «La véranda»

«Dans les publications théâtrales de ces derniers mois, deux pièces se distinguent par leur forme expressives. La Véranda de René Bizac met en scène deux personnages principaux, deux s'urs : Fanny, «la Petite », 13 ans, et Franca, «la Grande », 21 ans. Leur mère s'est suicidée, leur père a disparu. Partie à la ville voisine Franca vient de trouver du travail et a obtenu la garde de Fanny. Joie des retrouvailles, confidences, projets. Affrontements aussi. Car si leur complicité est grande, grandes aussi sont les différences entre elles. L'aînée, raisonnable et responsable, est déçue par les hommes («un bonbon sur la langue/un bonbon qui fond doucement/une sucrerie/rien d'autre ») Elle port en elle un lourd secret, peut-être un inceste, avec ce père ébéniste et peintre amateur qui, sa journée finie, faisait d'elle son unique modèle. La Petite, elle, à peine arrivée chez sa soeur, recherche la compagnie des hommes et excite leur convoitise. Elle rêve d'un ailleurs, d'horizons lointains («ces routes sont écrites pour moi » dit-elle), de fuir avec Fred et ceux de «l'autoroute » qui, toutes les nuits, «vont de l'autre côté », et dont elle lave le linge souillé de boue, comme pour retrouver une innocence perdue.
Une entreprise qui ne va pas sans risque. Dans la ville règne un climat insurrectionnel. Le couvre-feu est de rigueur, la circulation d'un quartier à l'autre réglementée par des dispositions arbitraires. Par qui, pourquoi, nous ne le saurons pas. C'est là l'un des grandes forces de cette pièce. Ce qui, dans d'autres textes, aurait focalisé l'intérêt demeure ici implicite, relégué à l'arrière plan. L'intrigue se concentre autour de quelques scènes très denses entre les deux soeurs des échanges qui oscillent entre naïveté enfantine et crudité ou même cruauté. Elle progresse par bonds, laissant dans l'ombre des pans entiers de l'histoire. Il en résulte un grand pouvoir de suggestion, quasiment onirique, où les choses vues et entendues s détachent sur fond d'ombre, se creusent d'une inquiétude permanente, obsédante.
Tout ceci n'est rendu possible que par la grâce d'une écriture d'une lumineuse et immédiate évidence. Tantôt elle prend la forme de longs et monologues dépourvus de ponctuation, comme un parole trop longtemps retenue et qui doit trouver à s'épancher (ainsi lorsqu'à la fin la Mère, ou plutôt son fantôme, vient émettre sa litanie des plaintes contre l'existence étriquée qui fût la sienne, évoquant une dernière fois la véranda jamais construite, qui aurait élargie son horizon et l'aurait peut-être sauvée de la mort). Tantôt au contraire elle s'agence en fragments acérés, bouts de phrases elliptiques, souvent sans sujet ou sans verbe, dont la lente progression donne à cette langue parlée toute son originalité («Enfin / elle parlait si / La véranda / Jamais finie la véranda qu'elle disait / Et puis ses maux de têtes / et Papa qu'était jamais là »). »

(Daniel Arnaut, «Les Carnets et instants », n°135, novembre 2004. )

«Fanny a 13 ans, sa soeur Franca en a 21. Deux soeurs, des orphelines, leur mère est morte, le père a pris la poudre d'escampette. Franca obtient la garde de Fanny, les deux soeurs doivent à apprendre à vivre ensemble, différemment. Adaptations, compromis, affrontements, mais aussi confidences et joie d'être ensemble. L'apprentissage de la vie à deux, entre "Le Petite" et "La Grande".
Franca se sent responsable de sa soeur, elle veut son bien, la surveille, peut-être un peu trop. C'est qu'elle a connu quelques expériences malheureuses et elle ne voudrait pas que la petiote s'y frotte à son tour, surtout avec les hommes, une espèce humaine que Franca exècre. On devine de la douleur derrière tout cela, le fardeau du passé et des secrets. Fanny ne comprend pas cela, les hommes, elle les aime et les attire. Et dans la ville qui abrite les deux jeunes femmes, endroit bizarre et malsain où règne un climat de guerre de tranchées, autant dire qu'il ne fait pas bon courir les ruelles obscures la nuit venue.

«Théâtre sombre et noir, profondément humain, mettant en lumière la souffrance de deux êtres qui apprennent à vivre ensemble en tenant compte de la vie et de ses méandres. René Bizac n'en dit jamais trop. Il ne s'étend pas, par exemple, sur les raisons de l'existence d'un couvre-feu dans la ville. Il ne nous parlera pas non plus des secrets enfouis de Franca. Mais tout cela est présent et palpable, l'auteur a trouvé la dose juste pour donner corps à ces éléments tout en les empêchant de prendre trop de place dans le récit.
En alternant monologues réflexifs et dialogues heurtés, Bizac confronte deux visions, deux mondes et ouvre grand les portes de l'incompréhension. C'est par moments assez dur et en même temps, on ne peut s'empêcher de ressentir de l'empathie pour ces deux femmes et leurs projets, réels ou illusoires.
Un texte théâtral qui se prête magnifiquement à la scène et aux personnalités fortes. »

(Sahkti, «Critiques Libres », juin 2005)

Lors de la parution d'«Images entre chien et loup »

«La langue de ses «Images entre chien et loup » est particulièrement belle et poétique. Impossible de ne pas «voir » le jeune homme en rappeur, vivant avec son corps, les chiffres, sigles et opérations boursières (…). Personnages et situations s'entrecroisent en un montage subtil et captivant, réaliste, onirique, avec une touche d'humour sou-jacent, dramatique quant au bilan, mais surtout extrêmement humain. Spéculation boursière, arnaque par internet, sites de rencontres, menaces mafieuse, racisme latent, aspiration à un mode de vie bourgeoise, (…) désir d'évasion, besoin d'échange, de tendresse, d'amour sont les thèmes d'une oeuvre qui situe son action chez nous et aujourd'hui. Nous avons beaucoup aimé ce texte et espérons qu'il sera représenté sans tarder. »

(Claire Anne Magnès, La Revue Générale)