Théâtre Intranquille
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Les Petites lumières jaunes

de RENÉ BIZAC

février / mars 1999
à la Samaritaine


Auteur: René Bizac
Mise en scène: Jean-Christophe Lauwers
Comédiens: René Bizac et Guy Rombaux
Scénographie: Patrice Bauduinet
Musique: Marce Geonet
Création sonore: Stéphane Oertli
Lumière: Jonathan O'Hear
Costumes et maquillage: Régine Mouffe
Déléguée de Production: Ioana Balasoiu
Affiche / Graphisme: Violette Bernard

Une création du Théâtre Intranquille asbl








Pour Joseph Barkiskaya c'est le grand jour! Il a rendez-vous avec le client du siècle. A 19 h. Très exactement. Car, soyons clair, pour Joseph, un conseiller en retard n'est plus un conseiller, c'est un courant d'air! Mais pour l'instant, Joseph s'occupe de nous. Il raconte sa vie, l'itinéraire d'un conseiller parsemé de déjeunerss d'affaires, de pllats de riz complet, de bonzaïs, d'auteurs grecs.... Parfois il se tait, et alors il se découvre... Son premier café, son enfance, Charlie Parker, le goût du poulet, les dimanches après-midi, son père, les petites lumières jaunes.... Et puis surtout, Benjamin, son ami, son frère... benjamin qui est là ce soir, et qui est sans doute le vrai destinataire de ce témoignage. Un spectacle poétqiue et intense, à l'humour grinçant.

«Joseph Barkiskaya nous reçoit dans son univers parfait, d'une blancheur immaculée où la vérité s'est effacée au profit de la virtualité. Joseph témoigne, il nous raconte sa vie, égrène ses souvenirs. Son métier dans elquel seules comptent les apparences, les diners d'affaires, les coups de téléphones incessants, les rendez-vous, les retards, la voiture, les embouteillages.

Il nous parle de sa femme, de son fils David, il nous parlee du petit petit bonheure qu'il s'est construit. Un petit bonheur frelaté où tout à un goût de factice. Alors Joseph remonte encore plus loin dans ses souvenirs. Il remonte aux origines, à l'enfance. Il nous promène dans son adolescence où se mèlent aux rires, les incompréhensions et aux colères, les bonheurs intenses... Aux détours d'un mot, d'une phrase, derrière un silence qui semble trop long, au travers d'une hésitation qui vient troubler le rythme souple et fluide des paroles de Joseph, on découvre un autre homme, plus sauvage, plus blessé, plus profond. Un homme mûr qui opére le décompte de ses échecs, de ses envie réfrénées, de ses regrets. Un homme qui pour la première fois de son existence se révèle, fait face à ce bloc de granit qu'il était jusqu'ici.

Joseph, dans un ultime souffle, nous parle de son saxophone alto, probablement sa plus grande histoire, la plus douloureuse aussi. Et puis surtout, il évoque Benjamin, son ami, son frère, qui est là ce soir, et qui est sans doute le vrai destinataire de ce cri.» (Jean-Christophe Lauwers, metteur en scène).

Extraits des critiques:

«La gueule enfarinée, le sourire carnassier rappelant le Joker de Batman, Joseph Barkiskaya surgit dans le dos des spectateurs de la Samaritaine. Conseil en placement, il nous explique sa technique: Y'a pas de secret! C'est clair et net! La bourse, la manière de capter la confiance du client, le meilleur moyen d'éviter les embouteillages dans les tunnels... Joseph connaît tout ça par coeur. Une fois qu'il tient le crachoir, plus moyen de le faire taire. Il a un avis sur tout: clair et net!
Derrière lui, silencieux, attentif, le sourire tantôt attendri, tantôt narquois, Benjamin écoute. De lui, on ne saura rien ou presque. Pourtant, plus le temps passe et plus Benjamin se fait présent dans les histoires de Joseph. Qui est-il exactement? Un ami, un frère, un double, un amant, les illusions enfuies... toutes les interprétations sont possibles. Il est en tout cas ce que Joseph n'a pas pu être et le beau discours conquérant des premières minutes s'effrite, s'effronde, cède la place aux rancoeurs, aux envies rentrées. Joseph parle des auteurs grecs avec passion, cette passion qui n'existe plus aujourd'hui dans ce monde qu'il vomit comme le poulet du dimanche imposé par sa mère, comme les plats bio que sa femme prépare pour leur fils. Joseph veut du vrai, du grand, du beau, du tragique, du sanglant et sa vie n'est que petites combines médiocres et espoirs déçus. Profondément humain, le texte de René Bizac qui campe avec fougue le personnage principal, mêle habilement les considérations les plus banales et les envolées poétiques, les citations grecques et les problèmes communautaires. Jean-Christophe Lauwers le met en scène dans un mélange de bagout proche du one man show et de moments suspendus comme dans un rêve. Une réussite, à la chute un peu brouillée, mais remarquablement servie également par la performance de Guy Rombaux (Benjamin), muet du début à la fin, mais toujours incroyablement présent.»
(J-M Wynants – «Le Soir»)